Si une œuvre quitte votre institution, mettez-lui un code-barres (partie I)

(Mieux encore : mettez-lui un code-barres avant qu’elle ne bouge…)

Sheila Perry

Notre système de code-barres fut mis en place dans le cadre d’un usage immédiat plutôt que pour une adoption massive de cette technologie par l’institution. Nous aurions peut-être agi différemment si nous avions procédé de manière stratégique et avions eu l’intention de mettre un code-barres sur l’ensemble des collections de la National Gallery of Scotland. Néanmoins, s’il avait fallu attendre un consensus sur ce point nous n’aurions sûrement rien fait du tout !

L’idée initiale

PNIN - Kardex tray with boxes
Notre projet initial concernant les codes-barres intervint après l’installation de machines automatiques de stockage (Kardex) lors de la remise en état de la Scottish National Portrait Gallery en 2011, mais ce fut aussi le résultat du pointage de chaque œuvre au sein des fonds de gravures, de dessins et de photographies. Ces dernières avaient au préalable été conditionnées, pour la plupart dans des boîtes en carton neutre, dans divers endroits autour de la Portrait Gallery, une structure gothique de l’époque Victorienne avec un escalier en pierre formant une spirale conduisant à une tourelle et à d’autres lieux de stockage dans le grenier. Nous n’avions pas pris la pleine mesure de ce qui était stocké dans ces pièces jusqu’à ce que nous soyons dans l’obligation de vider le bâtiment en 2009.

Dans le cas des gravures et des dessins, la question principale à ce stade était la numérotation en vigueur des boites, d’autant qu’il y avait aussi des incertitudes concernant le contenu de chaque boîte et si ces items étaient correctement enregistrés sur notre base de données, alors que, dans le cas des photographies le principal problème était qu’une grande partie de la collection n’était enregistrée d’aucune manière.
Les boîtes contenant les dessins étaient étiquetées avec un grand nombre de numéros correspondant à un système de numérotation obsolète. Dans certains cas, les étiquettes, qui étaient faites de pièces de carton glissées dans des porte-étiquettes en métal sur le devant de chaque boîte, étaient tombées de leurs supports et étaient donc perdues. De la même façon, chaque boîte contenant les gravures fut étiquetée avec une liste de chiffres correspondant aux numéros d’inventaire des œuvres qui étaient normalement conservées à l’intérieur.

box labelling example

Comme les gravures n’étaient pas numérotées à la suite mais selon un système complexe destiné à trier les œuvres selon si elles étaient écossaises, anglaises ou d’autres nationalités, selon son siècle de création et dans certains cas selon l’identité codée du donateur, cela voulait dire qu’une boîte pouvait être identifiée comme suit « SP IV 58.1-150.6 ». Certains conditionnements de gravures portent ce numéro d’inventaire inscrit au pochoir, souvent en doré, pendant que d’autres ont une étiquette en carton maintenues par une réglette en métal comme pour les boîtes contenant les dessins.
Une fois toutes les boîtes extraites de la Portrait Gallery, après avoir ajouté nos propres étiquettes temporaires afin de replacer correctement les items sur leurs nouvelles étagères et enregistrer leurs localisations sur notre base de données, les gravures et les dessins furent stockés de manière temporaire dans une réserve et les photographies dans une autre. Deux chantiers eurent alors lieu simultanément, un pour pointer le contenu des boîtes de gravures et de dessins, et un autre pour récoler les photographies.

Cela fut organisé ainsi principalement parce que nous ne voulions pas gâcher le principe même de ce déménagement : nous nous sommes donc efforcés de mettre un code-barres sur toutes les boîtes avant qu’elles ne retournent à la Portrait Gallery. Le fait qu’elles soient amenées à être stockées dans une machine automatique pouvant lire et contrôler les codes-barres nous a donné un prétexte supplémentaire pour adopter cette solution.
Il y eut un petit débat avec les conservateurs et autres membres de l’équipe scientifique afin de déterminer si chaque item devait porter individuellement un code-barres ou non, et un débat encore plus court au sujet du choix entre le code-barres et le RFID, ce dernier nous semblant finalement trop éloigné de notre besoin.

Pour lire la deuxième partie de cet article- comment ils ont fait

Sheila Perry est Collections Information Systems Manager à la National Galleries d’Ecosse, rattachée au Département des Régisseurs, ayant pour responsabilités la maintenance et le développement de la base de données de la NGS et des systèmes associés. Plus tôt dans sa carrière elle fut développeur et programmeur de base de données, et elle écrit également des romans policiers sous un nom d’emprunt.

Traduction en français par Marine Martineau

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Un nouveau look pour les comités d’acquisition des musées

Derek Swallow

Etre innovant en matière de muséographie, de programmes pédagogiques, de retours d’investissement est l’objectif à atteindre pour les musées du 21ème siècle. Ce n’est pas toujours le cas concernant les procédures liées à la vie des collections. Cependant, l’urgence peut conduire à de telles innovations. Nombre de musées du 21ème siècle font face à la dure réalité que représente la réduction des budgets. Le premier impact est : moins de personnel et donc une charge de travail plus importante pour chacun. Afin de maintenir les standards de service public et les procédures internes au musée à leurs meilleurs niveaux, les équipes ont cherché un moyen de travailler plus efficacement. Mieux gérer le temps imparti est une solution. De nouvelles mesures telles que réduire le nombre et la longueur des réunions peut permettre de gagner beaucoup de temps, si précieux. Modifier la structure et l’organisation des traditionnels comités d’acquisition est un domaine où le temps peut être épargné. Au début de l’année 2013, le Royal BC Museum, où je travaille, a lancé un projet test, ayant pour but à la fois de réduire la durée des comités d’acquisitions et de construire un système plus flexible, plus égalitaire.

Work load too much? # f 08817Collection of the Royal BC Museum/BC Archives.

Beaucoup trop de travail ?
# f 08817 Collection of the Royal BC Museum/BC Archives.

Traditionnellement, notre comité composé de conservateurs, documentalistes et restaurateurs, arbitré par un directeur, se rencontrait une fois par mois pendant une heure et demie : il avait pour missions de décider quelle nouvelles œuvres, proposées par les conservateurs de chaque département ou par les documentalistes, seraient acceptées par le Royal BC Museum afin d’intégrer les collections permanentes, mais également de statuer sur les œuvres à aliéner. Le calendrier, adressé par mails aux participants quelques jours avant la réunion permettait d’avoir le temps de digérer les informations concernant chaque proposition d’acquisition incluant la proposition du conservateur défenseur (en faveur de l’acquisition) et le rapport des restaurateurs. Ce dernier décrivait les conditions générales comme celles spécifiques à la conservation de l’œuvre et ce qui la compose, en spécifiant le temps nécessaire à sa stabilisation et à sa préservation sur le long terme. Armés de ces données les participants au comité d’acquisition, conjointement avec le conservateur / documentaliste en faveur de chaque œuvre, attendaient la réunion mensuelle. Les défenseurs « présentaient » les œuvres concernées, répondaient aux questions, puis le comité votait. Les propositions pour les cessions d’œuvres se déroulaient de la même manière. J’ai d’ailleurs le sentiment que cela se déroule de la même façon dans beaucoup de vos musées.

Tired of those traditional collections committee meetings? # a 00514 Collection of the Royal BC Museum/BC Archives.

Marre des bons vieux comités d’acquisitions ?
# a 00514 Collection of the Royal BC Museum/BC Archives.

Le nouveau modèle testé par le Royal BC Museum a transformé ces comités en réunions « virtuelles », que ce soit la proposition comme la décision finale. Par « virtuelle » je veux dire que toutes les informations, et les discussions au sujet des œuvres, entre les défenseurs de chaque acquisition et les participants au comité, sont transmises par moyen électronique soit par emails. Tous les documents liés à la procédure, au calendrier, à la liste des collections à voter, et la décision des participants existent sous Excel ou Word, et perdurent sous forme virtuelle sur un réseau commun.

En même temps que l’organisation, la structure du comité changea. Une mesure plus égalitaire fut mise en place : les participants peuvent être autant des collections managers que des conservateurs ou des documentalistes. Le régisseur, auparavant secrétaire compilant les informations de l’assemblée, est quasiment la personne en charge de créer et mettre à jour l’agenda de vote mis en ligne, ainsi que le regroupement puis la ventilation des différents échanges par mails.

En somme, c’est ainsi que fonctionne le comité d’acquisition « virtuel ».

Une fois qu’une œuvre a été référencée au sein de notre base de données comme une proposition d’acquisition par le conservateur ou le documentaliste, le restaurateur et/ou les collections managers des différents sections défenseurs du projet, le régisseur l’insère dans le tableur Excel « voting list », faisant office de calendrier. Les champs à remplir incluent le département de la collection, le numéro d’inventaire (numéro unique crée par nos systèmes de gestion des collections), le nom du donneur ou de la collection, une brève description, le nom de la personne proposant cette acquisition, et des cases pour chaque participant au comité où ils insèreront leurs votes. Ce tableur, déposé au début du mois, sur le serveur commun, est accessible par tous les membres du comité. Si l’un d’entre eux a une question au sujet d’une œuvre donnée, celle-ci est envoyée par email à la personne la proposant, avec tous les autres membres en copie. La réponse est aussi renvoyée à toutes les personnes du comité. Ceci remplace les discussions en face à face. Le régisseur répertorie toutes les questions et les réponses, ainsi que les commentaires des membres du comité, les copies au sein d’un document Word, formant ainsi, avec le calendrier de vote, les pièces de références officielles de la décision finale.

Why not use our sophisticated computer tools to do the job better? # na 19565 and # i 24586-1 Collection of the Royal BC Museum/BC Archives.

Pourquoi ne pas utiliser nos merveilleux outils que sont les PC pour mieux travailler ?
# na 19565 and # i 24586-1 Collection of the Royal BC Museum/BC Archives.

La liste de vote est un document interactif ; durant les trois premières semaines du mois les œuvres sont ajoutées afin qu’elles puissent être jugées par tous, puis, la liste est fermée et le régisseur compte les votes et publie les résultats.

Les avantages de cette nouvelle organisation sont :

  • le temps de vote est plus flexible – cela peut être fait quand on a le temps.
  • cette organisation est en phase avec le développement durable – moins de papier utilisé
  • les réponses du défenseur de l’acquisition peuvent être réfléchies et exprimées clairement – au lieu d’être « improvisées » dans les traditionnels comités. De surcroît ces questions et réponses peuvent être sauvegardées. Dans les habituelles réunions les « minutes » contiennent seulement un résumé des sujets évoqués. Des subtilités ou des points d’achoppement peuvent y être oubliés accidentellement.
  • Il n’y a pas de rapport de comité à écrire.
  • Le temps de voyage entre les bureaux et la salle de réunion est épargné, tout comme le temps gâché au démarrage de la réunion ou de discussions pendant et après le comité. Cela peut facilement être une heure de gagnée à elle toute seule.

Les inconvénients de cette nouvelle organisation sont :

  • utiliser seulement les emails pour communiquer réduit le dialogue concernant chaque proposition d’acquisition et il peut y avoir plus d’éléments échangés oralement lors des traditionnels comités que par emails.
  • Toutes opportunités de discuter des conséquences liées aux procédures et à la politique du musée lors de ces réunions sont perdues.
  • Certains membres du personnel trouve que cette nouvelle organisation, jugée impersonnelle, est désagréable – nous avons besoin de nous voir physiquement et de nous réunir en groupe.
  • Depuis que le vote a lieu de manière échelonnée dans le temps, il est possible qu’un membre du comité d’acquisition soit influencé en voyant le vote d’un collègue.
  • Le suivi de chaque décision est plus long pour les régisseurs.

Je suis le premier à admettre, en tant que personne à l’origine de ce système, que le temps gagné est relativement modeste. Cependant, gagner une heure et demie par mois est précieux et si les autres mettent en place des procédures identiques afin de sauver une heure et quelques par mois nous atteindrons bientôt une journée entière. Néanmoins, cela ne réduit en rien notre charge de travail et ne nous donne pas de temps supplémentaire, cela signifie simplement que nous n’avons pas à travailler un peu plus dur encore pour abattre le travail à faire.

Je terminerai avec une citation du célèbre acteur et présentateur radio américain de la moitié du 20ème siècle Edgar Bergen : « Travailler dur n’a jamais tué personne, mais pourquoi tenter le diable. »

Traduction en français par Marine Martineau

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Œuvres d’art, objet, voiture, et sanctuaire de la Pop-Culture

Transport et exposition de la Rolls Royce de John Lennon, Partie 1

Par Derek Swallow – Royal BC Museum

Lennon Rolls – RBCM 992.66.2 Collection Royal British Columbia Museum - RBCM

Rolls de Lennon – RBCM 992.66.2 Collection
Royal British Columbia Museum – RBCM

Dédicace : A l’équipe des « Nordic registrars » qui a sponsorisée la fabuleuse “European Registrar’s Conference” 2014, à laquelle j’ai assisté à Helsinki en Finlande, et à tous les chargés de collections qui évaluent leurs objets avec la plus grande précision (voir la seconde partie de cet article).

Introduction :

rolls2La rumeur s’est répandue dans le musée pendant presque un mois puis la nouvelle est sortie alors que je vérifiais mes e-mails en cette matinée froide de janvier 2013. Mon œil a buté sur la ligne « objet » : « prêt de la Rolls de Lennon ». J’ai ensuite hésité à ouvrir et lire le message. C’était donc vrai, nous avions cinq semaines pour planifier et transporter la Rolls d’ici (Victoria) jusqu’à Montréal. C’est énorme et lourd : 6 mètres de long et 2,2 mètres de large pour un poids de 2 700 kg. Elle avait 5 000 km à parcourir à travers le pays, pendant les mois les plus dures du Canada, probablement sous des tempêtes de neige ou du blizzard et sur des routes dangereuses. J’ai pris une profonde inspiration, en partie à cause du temps imparti, de la masse du véhicule, les risques potentiels causés par les intempéries, mais aussi à cause de mon manque d’expérience face à ce type de projet. Malgré plusieurs décennies à m’occuper de centaines de prêts, je ne me suis jamais occupé d’une voiture auparavant. Ce malaise s’est intensifié, en sachant que ce n’était pas non plus une voiture faite pour être conservé dans un musée, représentative de sa période, de son style, de sa fabrication. Ce véhicule, icône vénérée de la culture pop et œuvre d’art originale, la rend unique et précieuse au-delà de sa valeur estimative.

La Rolls Royce de John Lennon :

Une voiture en état de marche :

Beatles in the Rolls at Buckingham Palace Oct. 26,1965 www.beatlebrunchclub.com

Les Beatles dans la Rolls à Buckingham Palace, 26 octobre 1965
www.beatlebrunchclub.com

Cette Rolls-Royce “Phantom Touring Limousine” de 1965, en parfait état de marche, aujourd’hui cataloguée et faisant partie des collections Royal BC Museum, était à l’origine détenue par la légende du rock : John Lennon, et a transporté les Beatles pendant trois ans.

Icône de la Pop-Culture

John Lennon in the Rolls in Spain Oct.1966 www.beatlebrunchclub.com

John Lennon dans la Rolls en Espagne Oct.1966
www.beatlebrunchclub.com

La génération des années 60 a élevée Lennon et les autres membres du groupe au statut de “demi-dieux”. Pour certains, leur présence physique dans le véhicule lui a transféré un tel pouvoir d’association, qu’il est considéré comme un « sanctuaire ». Des années plus tard, le véhicule a été prêté à des superstars de la musique tels que les Rolling Stones, les Moody Blues et Bob Dylan, qui ont uniquement amélioré sa qualité mystique.

Oeuvre d’art :

John and Julian Lennon beside Rolls 1967 thegilly.tumblr.com

John et Julian Lennon à côté de la Rolls, 1967
thegilly.tumblr.com

En 1967, Lennon a choisi de transformer cet objet cher et encore utilisé en œuvre d’art. Il a missionné l’artiste Steve Weaver afin de convertir le corps sombre de la « valentine black » en une peinture explosive et dynamique. Weaver a amorcé sa « toile » en métal avec plusieurs couches de peinture jaune puis a créé pendant six semaines des motifs audacieux, inspirés par Romani. Il a utilisé des couleurs stridentes qui s’apparentent aux pigments saturés que l’on trouve dans l’art « psychédélique », un style populaire en Europe dans les années 1960. La production finie, avec des motifs courant sur l’ensemble du corps de la voiture, présenta une composition puissante et unique. Cette transformation créa plus qu’une simple œuvre d’art tridimensionnelle. La Rolls Royce, un emblème par excellence de prestige et de « création » traditionnelle est alors transformé en un puissant symbole de la contre-culture des années 1960 et une icône des valeurs contestataires. Les Beatles étaient destinés à représenter une génération de jeunes, désireux d’afficher « l’institution » et mettre au jour le phénomène appelé “Beatle mania”.

Association avec les pays nordiques

Beatles in Copenhagen at the KB June 4th, 1964  http://thegilly.tumblr.com

Les Beatles à Copenhague au KB 4 juin 1964 http://thegilly.tumblr.com

En 1963, la “Beatle mania” a balayée la Grande-Bretagne et a fait un saut au nord de cette région nordique. Karlstad en Suède a été choisi comme première escale en dehors du Royaume-Uni. Pendant cinq jours le groupe pop fit sa tournée, en apparaissant même à la télé suédoise. http://www.youtube.com/watch?v=-clOQdFRyig Aussi, en 1963, la jeunesse d’un seul pays a poussé la chanson “Twist and Shout” au sommet des charts. Ce pays était la Finlande. http://www.youtube.com/watch?v=pVlr4g5-r18&feature=kp (Vidéo de Twist and shout). La semaine dernière (4 juin 2014) les passionnés des Beatles au Danemark ont célébré le cinquantième anniversaire du concert à Copenhague, la ville qui accueillait le lancement officiel du “World Tour” des Beatles qui dura deux ans. http://www.youtube.com/watch?v=8_zzoJYoeao (vidéo des Beatles au Danemark)
Malgré leur origine britannique, les Beatles, leur musique, et la “Beatles mania” restent une partie importante de l’histoire culturelle de la pop des années 60 en Scandinavie, en Europe et en Amérique du Nord. La Rolls de Lennon elle-même étant l’un des symboles et icônes les plus reconnus. Le Royal BC Museum s’occupe des Rolls, pas seulement de la Colombie Britannique ou du Canada, mais pour le monde entier. http://www.youtube.com/watch?v=imXZS6WTxEw (Bulletin de nouvelles de Victoria sur les Rolls)
Le but du passage de la Rolls de Lennon du Royal BC Museum, de Victoria à Montréal au Québec, était de présenter cette icône dans le cadre de l’anniversaire de la « Beatles mania » et du concert du groupe à Montréal pendant le « World Tour ». C’était également une célébration des Beatles pour le monde entier.

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Images from Pointe-à-Callière website: http://pacmusee.qc.ca

Images from Pointe-à-Callière website: http://pacmusee.qc.ca

Traduction en français par Aurore Tisserand.

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Raconte-moi une histoire : Métro, boulot… bibelot?

ny_FR
Les artefacts des transports peuvent étinceler comme une icône (un jeton, un globe illuminé qui annonce l’entrée du métro), ou provoquer notre sens du mystère ou de la fantaisie (un «Bend-o ?» un scléroscope ?). Rejoignez nos archivistes et notre personnel des collections pour une soirée où les objets prennent vie avec l’écriture, la narration et l’interprétation imaginative.

Une sélection d’artefacts et images est maintenant disponible sur ligne (http://nytransitmuseum.tumblr.com/post/100675462191/transittotem) et venez nous rejoindre mercredi le 12 novembre à 18h30 pour les voir (et bien d’autres !) dans une exposition éphémère destiné à inspirer votre écriture!

Vous pouvez créer un cartel, un poème, une nouvelle, essayer l’art de lexicographie, ou même nous montrer vos compétences en nous montrant la vraie provenance d’un objet.

Une soirée remplie d’un mélange des faits et de la fiction : nous recherchons l’authentique et l’imaginaire!

Remettez vos soumissions en avance ou venez nous rejoindre le 12 novembre pour une séance d’écriture et scène ouverte.

TELL A TALE OF A TRANSIT TOTEM
Mecredi, le 12 novembre | 18h30 | Gratuit New York Transit Museum
Downtown Brooklyn

Regarder notre première sélection d’artefacts et RSVP ici :
nytransitmuseum.tumblr.com/transitTotem

Traduit de l’anglais par Kelsey Brow

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Liste de souhaits d’un régisseur : #registrardreams

Nicht in meinem Depot! Superhelden-Fähigkeiten wären manchmal praktisch...

Pas dans ma crypte ! Parfois on a tous besoin de superpouvoirs de régisseurs…

En tant que spin-off d’une discussion qui a suivi la publication d’un article de Sheila Perry au sujet de leur projet de codes à barres aux National Galleries of Scotland (“If it moves, barcode it” ), Dan Smernicki (sur Twitter : @DanSmernicki) a eu l’idée d’un nouveau message sur Registrar Trek :
« Liste de souhaits d’un régisseur. Choses qui « devraient » exister, mais qui pour des raisons infernales n’existent pas ».

Je suppose que vous avez tous des rêves et des désirs : quelques-uns concrets et faciles à réaliser si la Bonne-fée-qui-donne-de-l’argent-pour-la-préservation-des-collections apparaissait (« Vous avez trois vœux archivistiques ») ; d’autres plus futuristes (lunettes magiques qui me laisse voir l’objet que je recherche et l’entoure de rouge sur l’étagère) ; d’autres utopiques (des gants blancs qui restent blancs).

Jusqu’ici nous avons :

  • Dan Smernicki (@DanSmernicki) : un système qui permet de suivre les objets, et les gens, et qui concilie les deux.
  • Me (@RegistrarTrek) : constats d’état “à la volée” et une application qui me dit si j’ai une caisse à préparer.
  • Cecilia Peartree ‏(@ceciliapeartree) : Des oeuvres d’art qui hurlent haut et fort si personne n’a notifié dans la base de données leur changement de localisation.
  • Maggie Mazzullo : Je souhaiterai avoir un sixième sens qui m’alerterai des personnes qui sont/étaient dans la « crypte » à « fouiller » et qui laissent un désordre bouleversant. Une sorte d’alarme qui me ferai apparaitre juste derrière eux et où je pourrai les prendre en flagrant délit.
  • Maggie Mazzullo : Je souhaiterai aussi un système de laser qui ciblerai et désintègrerai les stylos, boissons et autres objets interdits avec lesquels ils viennent dans la zone d’études pour voir les oeuvres.
  • Caitlin (Schwartz) Rumery : Je voudrai ajouter quelque chose à ce qui a été mentionné sur le constat d’état, et proposer des lunettes qui examineraient un objet et me feraient voir chaque lacune, partie instable, ou tout-ce-qui-est-sur-le-point-de-me-rester-dans-les-mains.
  • Caitlin (Schwartz) Rumery : Aussi, un système magique qui créé un « Crystal reports » sur le pouce, basé sur ce dont on a besoin à l’instant-T.
  • Caitlin (Schwartz) Rumery : Enfin, un drone pour suivre mes camions pour que je puisse espionner mon transport et les chauffeurs. Comme cela je peux être sûre qu’il n’y a pas d’affaires louches qui se passent sur la route…

S’il vous plait ajouter votre souhait à la liste, soit en commentant, soit en utilisant le hashtag #registrardreams sur Twitter.

Traduction en français par Aurore Tisserand.

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Les oiseaux dans les collections

One single bird can keep a registrar occupied for quite a while.(c) Hans Bleh http://www.highspeedfotografie.de/

Un seul oiseau peut garder un régisseur occupé pendant un bon bout de temps.
(c) Hans Bleh http://www.highspeedfotografie.de/

Nous avons parlé des #registrardreams (rêves de régisseurs) il y a peu et j’en ai un spécial : je souhaite qu’au moins une fois, quand mon directeur vient, il me trouve dans une blouse de travail propre avec un bureau rangé et lui rapportant qu’il n’y pas de problème sérieux. Mais cela n’est pas arrivé durant les dix dernières années. A chaque fois qu’il me voit, je suis pour une raison ou une autre sale de poussière ou d’huile de machine et quelques collègues jurent qu’une fois je lui ai dit de se dépêcher car j’avais beaucoup de travail à faire. Quoi qu’il en soit, je suis vraiment contente qu’il ne soit pas venu l’autre jour lorsque je courrai de long en large dans la réserve, en brandissant un balais et criant, le tout afin de chasser un oiseau de la salle. Non seulement je me suis comporté comme une idiote, mais je ressemblais aussi à une œuvre d’art contemporaine faite de toiles d’araignées, parce que l’oiseau volait dans les coins les plus éloignés, qui n’avaient pas vu de balais depuis des lustres. Debout à regarder l’oiseau qui ignorait constamment la porte grande ouverte, je me suis demandée si j’étais la seule chargée de collection sur Terre moquée par un oiseau, et si je pouvais faire mieux.

De toute évidence, si vous vous posez vous-même la question, les réponses sont limitées, donc j’ai demandé à mes collègues de la liste de diffusion RCAAM. J’ai reçu un tas de choses qui m’ont éclairé et quelques histoires fabuleuses au sujet des oiseaux dans les collections. Donc, maintenant je suis apte à fournir un guide étape par étape sur la manière de manipuler les oiseaux dans les collections (s’ils ne sont pas morts ou naturalisés) :

  1. Fermer toutes les portes dans la salle où l’oiseau est.
  2. Ouvrir toutes les portes et fenêtres qui mènent vers l’extérieur.
  3. Eteindre toutes les lumières, pour que les seules lumières viennent de l’extérieur et attirent l’oiseau.
  4. Taper dans les mains, balancer des balais, crier, se comporter comme un idiot, faire tout pour chasser l’oiseau vers les ouvertures. Plus les portes/fenêtres sont ouvertes, plus l’oiseau peut partir.
  5. Lorsque l’oiseau est sorti, fermer toutes les portes et les fenêtres.
  6. Rechercher les trous qui ont permis à l’oiseau d’entrer et bouchez-les (comme Elizabeth Alberding a dit : « Si vous pouvez sceller votre bâtiment vous allez bientôt être connu comme le “chuchoteur d’oiseaux” de votre musée »).

Kara Vetter a souligné qu’il existe des dispositifs de dissuasion qui peuvent être installés à proximité des portes si c’est par là qu’ils entrent.

Anne T. Lane a fourni une vraie histoire de MacGyver :

It's a good idea to inform the colleagues with a sign.

Si vous fermer la porte d’une salle parce qu’il y a un oiseau à l’intérieur, c’est toujours une bonne idée d’en informer ses collègues.

« Nous avons déjà eu ce problème dans un bâtiment très ouvert dans lequel je travaillais, où il n’y avait aucun moyen de fermer entre les étages. Ils ne pouvaient pas aller dans la réserve, mais ils se sont affaiblis puis sont morts sur les rebords des fenêtres sur la mezzanine. Nous en avons pris un une fois, en faisant une sorte d’épuisette sur un cerceau fait de fils, un manche à balais et une bâche en plastique léger. Oh, et du scotch bleu. Mon régisseur monta sur une grande échelle sous une des rotondes et a oscillé vers l’oiseau – J’étais terrifié qu’il bouge lui-même droit vers le sol en carrelage. Mais il a attrapé la pauvre chose. Je l’ai emporté dehors et relâché, puis il s’envola ».

Aucun oiseau, mais une chauve-souris qui s’est moquée de Janice Klein quand elle était directrice d’un petit musée :

« Le musée avait un plan grand ouvert (autre que les salles de repos), mon bureau était le seul espace avec une porte, donc quand une chauve-souris au petit museau marron est apparu en fin d’après-midi lorsque tout le monde était rentré chez soi, c’est à ce moment que je devais la chasser. Lorsque je l’ai eu dans la salle elle a commencé à paniquer et a utiliser l’écho-localisation (et franchement, j’ai également fait ces petits sons étranges, alors que je ne savais rien sur les chauves-souris). J’ai réussi à la piéger dans une zone du haut, mais je ne savais pas quoi faire. Il faisait un froid glacial à l’extérieur, ce qui est sans doute la raison pour laquelle elle a trouvé un chemin pour entrer dans ce bâtiment chaud, donc je ne voulais pas simplement lui montrer la porte. J’ai appelé une connaissance (c’est toujours payant d’avoir un naturaliste à disposition qui est enclin à donner un refuge aux créatures sauvages dans son sous-sol) et alors que nous attendions, j’ai finalement compris pourquoi un de mes détecteurs de mouvement avait sonné la nuit précédente ».

Et Suzanne Quigley fournit des conseils pratiques sur ce qu’il faut faire si les piverts deviennent un problème :

Of course, there are birds in collections that are not an issue.

Bien sûr, il y a des oiseaux dans les collections qui ne sont pas un problème .


« Je suis aussi dans une zone rurale (un récent changement de vie). Après avoir quitté ma vie dans les grandes villes, j’ai eu beaucoup à apprendre. Mais dans le présent débat, j’ai un peu appris sur les piverts. Cela est devenu important comme je vis dans une maison en bois. Une fois que nous avons compris d’où était cet horrible bruit, et j’ai vu ce que ces petits démons faisaient sur le côté de la maison – c’était la guerre. La bataille a été gagnée d’une étrange, mais amusante manière. Personne ne remarque (parce qu’on ne recherche pas ça), mais à l’extérieur il y a des tâches plus ou moins discrètes que nous avons épinglées (avec des punaises claires) presque 3 mètres de brillantes bandes de Mylar argenté (le type qu’on utilise pour emballer des cadeaux) en forme de boucles faites avec le bord d’une paire de ciseaux – c’était il y a trois ans et plus de piverts depuis ! »

Bien, j’ai appris beaucoup plus que je ne l’espérai. Merci à Kara Vetter, Anne Lane, Elizabeth Alberding, Julie Blood et Suzanne Quigley pour les réponses et Maria O’Malley de m’avoir convaincu d’écrire un message sur Registrar Trek à ce propos.

Oh, en passant, j’ai finalement réussi à chasser ce petit garnement de ma réserve, sécurisant mon collègue et lui souhaitant une bonne nuit par téléphone. La poursuite d’un oiseau est une chose, mais être appelé au milieu de la nuit à cause d’un système d’alarme qui s’est déclenché est bien pire.

Traduction en français par Aurore Tisserand.

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L’histoire du mystérieux écouteur

Beaujour, mes amis,

Aujourd’hui, je suis fière d’annoncer l’ouverture de la version française de Registrar Trek ! Dès à présent nos lecteurs français vont avoir la possibilité de lire directement les messages, non plus des PDF et de s’inscrire à un flux RSS en français. Merci à Aurore Tisserand d’avoir traduit tous les titres et pages de fonds pour rendre cela possible. Nous célébrons cet accomplissement avec un message au sujet de la coopération Franco-Allemande dans la recherche de collections, qui a été possible grâce au fantastique réseau Registrar Trek, plus spécifiquement grâce à Marine Martineau.

À bientôt
Angela

Earphone

Ecouteur de téléphone

« Tu as étudié le français pendant tes études, n’est-ce pas ? » mon collègue Bernard Kiessling me demanda, de l’autre côté de la table à étudier un ensemble d’écouteurs de téléphones.
« Je peux commander une tarte flambée ou un café au lait mais peut aussi créer un incident diplomatique en essayant de réserver une chambre d’hôtel, pourquoi me demandes-tu cela ? » lui répondis-je, en analysant une longue liste d’objets qui devaient être pointés sur notre base de données.
« Cet écouteur de téléphone a été fabriqué à Paris, mais je ne suis pas sûr pour ce qui concerne le lieu de production. Regarde »
Je me suis déplacée pour aller regarder sur l’écran de son pc où il me montra une petiteinscription qu’il put agrandir grâce à un microscope USB*.
Detail of one receiver of the earphone, picture taken by the USB microscope

Détail d’un des récepteurs du téléphone, image prise avec le microscope USB

« Slé INDlle des… » j’ai essayé de lire, « Je ne sais pas, on dirait une abréviation ou quelque chose comme cela, peut-être l’usine qui l’a fabriquée, mais je ne sais pas. Tu sais quoi ?! Je vais envoyer l’image à Marine. Elle habite à Paris, elle pourra peut-être nous aider. »
Marine Martineau, régisseur des œuvres et traductrice Anglais/Français pour Registrar Trek reçut notre mail quelques minutes plus tard. Elle jeta un coup d’œil aux photographies de l’objet et les transféra à Thierry Lalande, conservateur chargé des collections au Centre National des Arts et Métiers. Sa collègue Marie-Sophie Corcy et lui eurent l’idée de contacter Frédérique Nibart, un expert connu et reconnu pour ses travaux sur l’histoire du téléphone en France.
En l’espace de quelques jours nous avons appris que cet écouteur avait été fabriqué en juillet 1928 par la Société Industrielle des Téléphones à Paris. Nous avons même reçu un article de M. Nibart sur l’histoire de cette société, que nous avons immédiatement enregistré sur notre base de données.
Ce fut un agréable sentiment de constater que cette collaboration fut possible grâce à notre réseau international de Registrar Trekkers. Nous espérons pouvoir rendre l’appareil un jour.

Angela

Storage solution for the collection of earphones: These long archival boxes are usually used for storing maps but have exactly the right dimensions to support earphones in the position most “natural” to them. For final storage we will support them with some bubble wrap and make a hood out of polyethylene foil for the boxes.

Conditionnement de la collection d’écouteurs : ces longues boîtes de conservation sont habituellement utilisées pour la conservation des cartes mais ont exactement les bonnes dimensions pour conserver les écouteurs de la façon la plus « naturelle » qui soit pour eux. Pour finaliser ce conditionnement nous plaçons du papier bulle au niveau des zones de tension et une protection des boîtes grâce à une feuille de polyéthylène.

*= Le microscope USB était à la base utilisé pour une démonstration au sein d’une exposition temporaire et a maintenant une seconde vie (très pratique) dans le cadre de la recherche sur les objets.

Traduction en français par Marine Martineau

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Le rôle du registraire de musée en matière de prêts

Par Derek R. Swallow
Registraire Royal BC Museum

Jongleur, médiateur, chef d’orchestre, commissaire-priseur, super-gestionnaire de collections, maître en yoga, gestionnaire du risque, gestionnaire de projet, courtier en douanes, coordinateur de transport, préparateur, gestionnaire des stocks, diplomate, bureaucrate, conseiller juridique, centre de communication, diva des documents et berger : tous ces termes décrivent les compétences du registraire d’un musée en matière de prêts

I’ve got this under control, I think?

je crois que je maîtrise
Image I-27378 courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

Le but de cet article est d’améliorer la compréhension du rôle de registraire en associant les compétences de base énumérées ci-dessus aux responsabilités du poste. Ces compétences se divisent en quatre catégories: les prédispositions mentales, les capacités de communication et d’organisation, les compétences en matière de gestion des collections et les capacités à documenter.

Fonctionner en multitâche est une prédisposition partagée par les « jongleurs » et les registraires. Gérer simultanément de nombreux prêts à des stades d’avancement différents et avec différents degrés de complexité est comparable à la tâche d’un jongleur qui maintient un flux d’objets de différentes tailles et de différents poids en l’air sans en faire tomber un seul. Comme un « maître en yoga », la disposition mentale du registraire reste calme même sous une charge de travail lourde et stressante et souple en passant d’un prêt à un autre et d’un niveau de priorité à un autre.

Okay, I guess we’re not on the same page yet.

D’accord, je ne pense pas que nous soyons à la même page.
Image C-04790 courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

Du rôle de communicateur émerge un potentiel de « médiateur ». Le registraire contribue à la résolution des problèmes entre les membres de l’équipe de prêt, son institution et l’emprunteur ou le prêteur. Le tact nécessaire borde avec les compétences d’un « diplomate ». Afin de faciliter la circulation d’informations précises, le registraire fonctionne comme un « centre de communication »
en devenant l’unique point de contact pour
l’institution et un canal pour les questions, réponses et informations échangées entre l’emprunteur et l’équipe des prêts.

The loans team at the ready. Image   C-02802  courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

L’équipe des prêts est prête
Image C-02802 courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

En tant qu’organisateur, le registraire met l’accent à la fois sur le tableau d’ensemble, en laissant le prêt se dérouler tout en faisant attention aux détails en veillant à ce que chaque étape soit complétée. Ceci est similaire à un « berger » qui maintient son troupeau ensemble, vigilant à éviter toute perte pendant le déplacement. En tant que « chef d’orchestre » le registraire guide le processus harmonieux du prêt, signalant aux membres de l’équipe ou à l’emprunteur lorsque une action est requise. Les compétences de « berger » et de « chef d’orchestre » renforcent la fonction du registraire comme un « chef de projet » qui s’assurant que toutes les étapes sont accomplies de la manière la plus efficace possible en temps et en effort tout en respectant tous les délais.

So what were those crate dimensions again?

Quelles étaient les dimensions de la caisse encore une fois ?
Image B-03338 courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

Le registraire assume le rôle primordial de « super-gestionnaire de collections ». Il se définit ainsi : une connaissance approfondie de la gestion de collections et une expérience qui englobe tous les types de collections possibles dans le domaine du registraire. Soutenu par le personnel de la conservation et par les gestionnaires de collections spécifiques, cette capacité garantit l’application des protocoles et pratiques de prêt corrects, compte tenu des besoins spécifiques de chaque objet prêté par n’importe quelle collection. Lorsqu’un un prêt est préparé en vue de son expédition, la connaissance particulière du « préparateur » permet au registraire, en cas de besoin , de s’assurer que les méthodes de mise en caisse et d’emballage adéquates pour le transport des artefacts sont respectées de manière à maximiser la protection de chaque article prêté.

Cela nous amène à la responsabilité du registraire en tant que « coordinateur de transport » qui implique de n’employer que des transporteurs qui utilisent des mesures de sécurité et des techniques d’expédition optimales. S’assurer de la meilleure mise en caisse, du meilleur emballage et du meilleur moyen de transport font du registraire un « gestionnaire du risque ».

Perhaps we should find a new artefacts transport company.

Peut-être devrions-nous trouver un nouveau transporteur pour nos artefacts.
Image B-07174 courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

Ce rôle incorpore des éléments supplémentaires importants comme par exemple la vérification que les articles de prêt sont assurés à leur correcte valeur et que les locaux de l’emprunteur respectent les normes internationales en matière d’environnement, d’intégrité structurelle, de sécurité inhérente au bâtiment, de présence de sécurité humaine, de qualification du personnel des collections, etc. En tant que « opérateur », le registraire initie l’acquisition de documents et d’information liés à la gestion du risque par des demandes de certificats d’assurance, de rapports sur les installations, etc. Un autre composant de la gestion du risque s’associe avec le « gestionnaire de stock », où tous les articles destinés à être prêtés sont enregistrés lorsqu’ils arrivent ou partent et reçoivent un code indiquant leur emplacement précis.
You don’t have the loan agreement signed. I see.

À ce que je vois, notre contrat de prêt n’est signé.
Image C-04362 courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

Avant qu’un prêt ne quitte l’institution pour traverser une ville ou un pays ou ne soit expédié dans un autre pays, le coté « conseiller juridique » du registraire apparaît. Des documents juridiques comme des contrats de prêt sont rédigés et si nécessaire des CITES ou autres permis sont enregistrés. Comprendre les réglementations et la documentation liée à l’importation et exportation correspond à l’occupation de « courtier de douanes ». L’acquisition et la garde de ces documents importants font du registraire un « documentaliste » et une « diva des documents ». L’adhésion infaillible à des standards bien précis exige de lui d’être un bon « bureaucrate ».

Les compétences décrites ci-dessus ne sont ni exhaustives ni exclusives au rôle de registraire. Diverses combinaisons de ces compétences sont partagées par de nombreuses professions. C’est néanmoins l’ensemble du « panier » de compétences qui rend son rôle unique.

Alors, peut-on dire que l’on maîtrise toutes les compétences décrites ci-dessus ? Moi, certainement pas. L’indispensable fondement académique que je possède a été renforcé par la formation sur le terrain et je trouve que l’expérience augmente les capacités. Ralph Waldo Emerson a écrit : « les années enseignent beaucoup de choses que les journées ne savent jamais ».

I’m serious. Don’t mess with the collection                 Image   C-02996 courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

Je suis sérieux. Ne vous approchez pas de la collection.
Image C-02996 courtesy of Royal BC Museum, BC Archives

Malgré mes plus de trente ans de carrière qui englobent la gestion de collections artistiques, ethnologiques et d’histoire moderne, les responsabilités de préparateur, de conservateur, de spécialiste de la préservation et de registraire, j’apprends constamment de nouvelles choses et je n’en fini pas de parfaire mes compétences. Pour moi, ce sont les années d’expérience pratique, plutôt que les années de formation académique qui ont été les plus instructives. Au début de ma carrière j’ai par exemple été formé comme préparateur par une personne très expérimentée dans le domaine. J’ai fais de nombreuses erreurs mais elles m’ont souvent permis d’apprendre quelque-chose. Marc Twain a dit un jour : « un homme qui attrape un chat par la queue apprend quelque-chose qu’il ne peut apprendre autrement ».

Il reste une compétence essentielle que je n’ai pas encore mentionnée. Peut-être vaudrait-il mieux l’appeler une obsession. Nous défendons avec acharnement nos normes institutionnelles de gestion des collections. Nous sommes programmés, dans notre profession de registraire, pour adhérer à des standards éthiques élevées et pour développer nos capacités professionnelles à un niveau toujours supérieur. C’est une bonne chose. On attribue à Michel-Ange la phrase : « pour la plupart d’entre nous, le plus grand danger ne consiste pas à se fixer un objectif trop élevé et ne pas l’atteindre mais à choisir une cible trop facile et laisser notre marque ».

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Rétrospective : 2013 – l’inauguration du séminaire de l’ARCS – Une étape incontournable pour les régisseurs du monde entier

Derek Swallow

Des cascades de cristal en guise de lustres, éclairant doucement les murs de style Beaux-Arts aux chapiteaux en or moulu qui entourent une immense sal de bal : un décor à couper le souffle que l’un des participants décrivit comme le « Versailles » de Chicago. Cette riche, opulente salle au sein de l’historique hôtel Hilton de Chicago, utilisée pour les bals des plus glamours et les grandes réceptions, fut alors notre salle de conférence : un cadre grandiose et excitant, contrastant avec nos petits et fonctionnels bureaux au sein de nos musées. Cela me parut tout d’abord un choix de lieu incongru. Néanmoins, après réflexion, l’idée de nous accueillir dans ce lieu me parut logique.

Grand Ballroom in the Chicago Hilton – Conference room

« La salle de bal de l’hôtel Hilton à Chicago »

La grandeur de la salle et la richesse de son décor représentaient l’énergie, l’optimisme et l’ampleur de cette nouvelle rencontre au nom de l’ARCS ainsi que la qualité des compétences détenues par les 530 invités venus de 28 pays différents. Choisir Chicago comme ville d’accueil était aussi l’idéal : un centre culturel et une école d’art reconnus internationalement ainsi que des institutions de renom comme l’Art Institute of Chicago et le Field Museum, pour n’en citer que deux.

The Field Museum, Chicago

The Field Museum, Chicago

Art Institute of Chicago

Art Institute of Chicago

Ce colloque de trois jours comporta 24 sessions avec 60 intervenants. La diversité des sujets abordés refléta avec justesse le large panel de connaissances de ce groupe de participants autant différents que nombreux. J’ai alors pleinement estimé ma chance de pouvoir participer à un tel évènement et souhaiterais remercier l’ensemble des organisateurs, des intervenants et en particulier les mécènes qui ont permis, grâce à leurs généreux dons, de rendre tout cela possible. Pour améliorer notre confort les sponsors ont fourni aux participants un véritable trésor composé de délicieux mets, qui nous permettait de ne pas être affamés entre les différentes séminaires.

Public art sculpture near the Art Institute of Chicago

Public art sculpture near the Art Institute of Chicago

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’ARCS, l’acronyme correspond à Association of Registrars and Collections Specialists. Son but et sa mission sont de : « …représenter et promouvoir les Régisseurs et les Collections Specialists, nationalement et internationalement, de leur délivrer un guide des meilleurs pratiques en terme de régie des collections et de conservation préventive, et de faciliter la communication ainsi que l’échange d’informations entre les uns et les autres. » http://www.arcsinfo.org/home

Dans l’intérêt de nos lecteurs, je résumerai dans d’autres articles les informations que j’ai pu glaner au cours de ces séminaires et qui, selon moi, pourraient être des sujets d’intérêt général pour les régisseurs, les collections managers et les autres professionnels de musée. Le premier article concernera la session intitulée : « Déclasser un bien : y-a-t-il une bonne façon de le faire ? » arbitrée par Devon Pyle-Vowles ARCS Board Member et Président de la conférence, avec des exposés de Dawn Robert, Collections Manager à l’Academy of Sciences de Chicago – Peggy Notebaert Museum, Elizabeth Varner, Directrice Générale du Musée national du Sport ; et Linda Wilhelm, Régisseur des collections au Musée des Beaux-Arts de Houston.

“Cloud Gate” affectionately known as “The Bean” in Millennium Park

« Cloud Gate » surnommé « The Bean » au Millennium Park

Pour conclure, je souhaiterai revenir aux origines de l’ARCS : ce qui a conduit autrefois à sa création. Les origines de cette organisation sont lointaines, débutant avec la nomination, en 1880, du premier régisseur américain dont la mission était de prendre soin des collections du National Museum, Smithsonian Institution. Près de 100 ans s’écoulèrent avant que la seconde pierre de cet édifice soit posée. En 1977, les régisseurs américains créèrent le Registrars Committee of the American Association in Museums (RC-AAM), suivi deux plus tard par le UK Registrars Group. D’autres associations de régisseurs virent le jour les années suivantes partout ailleurs. La conservation préventive et l’amélioration des moyens de communication lient aujourd’hui des collègues de tous horizons. Le début du 21ème siècle fut le témoin d’une recrudescence des demandes de prêts internationaux, d’où une nécessité de développer des normes internationales pour le transport, la documentation, etc. Pour que ces normes soient appliquées et connues de tous, il était nécessaire de créer un colloque à ce sujet. Le RC-AAMM fut le premier à le faire et organisa quatre séminaires internationaux, dont le premier eut lieu à la Nouvelle-Orléans en 2004. Lors du dernier, à Houston en 2011, le célèbre régisseur américain Jean Gilmore proposa la création d’une nouvelle organisation répondant aux besoins du 21ème siècle. Après plusieurs mois de travail intensif, l’Association of Registrars and Collections Specialists naquit : un groupe organisé, déjà focalisé sur les défis que notre profession aura à relever durant ce nouveau millénaire.
« Pour la première fois, les régisseurs et les collections spécialistes ont fait un pas en avant tel un groupe uni, indépendant, international proposant des services et des programmes adaptés aux professionnels des musées »

(Histoire – Association of Registrars and Collections Specialist – Association of Registrars and Collections Specialists. http://www.arcsinfo.org/about/history)

Traduction en français par Marine Martineau

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Un régisseur doit faire preuve de souplesse.

Toute activité professionnelle implique de se tenir au courant des choses qui nous entourent. Vous devez vous faire votre propre opinion, ne pas vous en tenir à une idée ou à un schéma de pensées, en particulier lorsque des situations nécessitent une certaine réflexion et doivent être envisagées avec une certaine tolérance. Un régisseur des collections au sein d’un musée doit en particulier faire preuve de souplesse dans sa façon de penser.

Dans mon cas, je l’ai appris au cours de mon activité professionnelle lors de la définition des catégories différenciant les œuvres d’art de la collection dont j’étais le régisseur. Il n’y avait pas de classifications préétablies, puisque le caractère de chaque œuvre permettait de la retrouver dans la collection qui allait être enregistrée et répertoriée. Chaque œuvre pouvait définir une catégorie.

J’ai débuté ma carrière comme assistant régisseur en 1986, ma supérieure hiérarchique était le Régisseur en chef et avait fait ses études aux Etats-Unis. C’était une personne organisée et un peu caractérielle. Elle n’avait pas l’esprit très ouvert.

Elle établissait prudemment les catégories ou sous-catégories selon les matériaux ou les techniques constituant les collections permanentes d’art moderne et contemporain. Telles étaient les classifications : peintures, sculptures, arts graphiques, photographies et céramiques.

En 1988 elle quitta son poste et je fus nommé Régisseur en chef. Laissez-moi-vous parler d’au moins deux de ces moments où l’ouverture d’esprit fut confrontée à la notion de « critères ». L’une des premières choses que j’ai faite a été de refondre toutes ces classifications. La collection comportait cinq tapisseries de Alexandre Calder (cf photos), qui étaient rattachées au fonds des peintures.

Pict 1 : La tapisserie de Calder, rectoPict 2 : La tapisserie de Calder, verso

Premier cas de tolérance : une tapisserie n’est pas une peinture

J’ai alors crée un nouveau champ nommé « tapisseries », dans laquelle j’ai relocalisé les œuvres de Calder. Tout de même, une tapisserie est une tapisserie, une œuvre ou un objet fait de tissus, une large étoffe de laine ou de soie destinée à orner les murs, tissée à la main, reproduisant souvent une image ou un dessin. Ce n’est pas une peinture. C’est quand même plus facile et plus logique de créer une nouvelle catégorie que de classer une tapisserie dans les peintures…

Et si j’avais crée une nouvelle catégorie pour les « Textiles » mais l’avais appelé ainsi, cela aurait été un terme trop générique, puisque cela aurait inclus les vêtements, nappes, rideaux, mouchoirs, etc.

Second cas d’ouverture d’esprit : « l’image », le « personnage », ne sont pas des catégories, ce sont des ensembles figuratifs faits de personnages ou de symboles.

J’ai ainsi crée une catégorie nommée « Impressions » (Estampas, en espagnol) avec des sous divisions. Le terme « Images » est trop général et ne se réfère ni à une technique ni à un matériau de création. « Impressions » englobe à la fois les techniques d’impression et les techniques de gravure à l’eau-forte, d’aquatinte, de lithographie, de sérigraphie etc. Telles sont les sous-divisions que j’ai mises en place. Ces techniques ont en commun le fait de préparer une feuille, une plaque métallique ou un tamis sur lesquels un dessin est réalisé, incrusté ou hachuré, mis en contact ensuite avec un support papier où seront imprimés, tamponnés ou gravés – ce personnage ou cette image tirés de telle ou telle œuvres. En outre, ces créations ont un but esthétique.

Imaginer le cas d’une collection d’art contemporain…des œuvres contemporaines telles que l’art vidéo, l’art conceptuel, éphémère, ou les « œuvres in situ »…Les techniques et les matériaux de ces œuvres échappent souvent aux classifications ordinaires.

Je pourrai énoncer d’autres situations où je fus confronté à ce besoin de souplesse, y compris dans d’autres domaines de la régie des collections. L’ouverture d’esprit, le bon sens et un certain savoir forment un tout. Je pourrai remettre en question certaines classifications concernant la collection permanente du MOMA, mais je préfère éviter de me fâcher avec mes collègues de là-bas…

Fernando

Traduction en français par Marine Martineau

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