Category Archives: Histoires

Un trilemme de régisseur – Le résultat

J’espère que vous avez tous apprécié réfléchir à la situation que j’ai présentée dans la première partie et que vous avez maintenant décidé ce que vous feriez.

Quel fut le résultat ?

D’abord, vous vous souvenez que j’ai dis dans la première partie que la vraie vie n’est pas un exercice. Donc, je n’avais pas tous les éléments d’information aussi bien organisés tels que je vous les ai présentés. Je devais les rassembler, tout en poursuivant le processus de dépannage – avec un temps limité et une tempête de neige qui approchait.

Comme vous avez dû le remarquer, même si l’option a) (retirer les camions) était possible en théorie, je l’ai écartée assez tôt. C’était la meilleure solution pour endommager les camions, tant par le processus de déplacement, qu’en raison des problèmes climatiques/météorologiques. Immaginez le déplacement de camions historiques à la va-vite, au début d’une tempête de neige ! Quelles sont les chances que tout le monde garde son calme et fasse ce qu’il faut ? Quelle probabilité que quelqu’un perde la tête, lâche quelque chose où il ne faut pas ou ne regarde pas où il marche ? Prévenir des dangers est seulement un aspect. Eviter les accidents, surtout ceux qui pourraient conduire à des blessures, en est un autre et le plus important pour moi.

Je me suis penchée sur l’option c) (attendre jusqu’à lundi) en premier. J’ai ensuite vérifié la page web du Deutsche Wetterdienst (DWD, service météo allemand), le radar des precipitations ainsi que les dates annoncées par celui de l’aéroport le plus proche (qui est notre référence pour le temps local parce qu’il est juste à 4 km).

A ce moment nous avions environ 55% d’humidité relative dehors et à peu près -3°C. Les prévisions météo pour lundi prévoyaient une augmentation de la température à 2-5°C, avec 85% de probabilité de pluie. Le radar me dit que la neige arrivait, mais était susceptible d’arriver plus tard que les 10h annoncées par l’alarme.

Donc, j’ai compris que j’aurai une petite marge de temps pour l’option b) (ouvrir la porte, mettre en place la nacelle dehors, travailler à l’intérieur), parce que lundi il y aurait exactement le même problème de conditions climatiques, pires que celles d’aujourd’hui. Les prévisions météo à long terme ne m’ont pas données beaucoup d’espoir quant à l’amélioration la semaine prochaine. En fait les -3°C/55%HR semblaient les mieux dans un futur proche.

hxdiagrammPour contre-vérifier mon intuition, j’ai pris mon cher diagramme de Mollier. Il m’a dit qu’avec cette situation je n’atteindrai pas le point de rosée dans la réserve (souvenez-vous : 11°C/42% HR). L’air serait d’abord mélangé, ce qui engendrerait une augmentation de la température et la baisse de l’humidité relative avant que la température commence à descendre. Et avec tous les objets bien chauffés à 11°C, le risque de condensation semblait faible (contrairement à ce qu’il s’est passé quelques années plus tôt quand un home intelligent a décidé d’ouvrir la porte pour laisser entrer le “beau et chaud air du printemps” (18°C/80%) dans la réserve (11°C/50%).

Si la neige arrivait tôt, nous aurions pû interrompre le travail et avoir la porte fermée en 10 minutes. Donc, j’ai décidé de prendre l’option b), mais, honnêtement, je n’était pas sereine avec cette solution et j’aurait été reconnaissante à n’importe qui de fournir une option d).

Nous avons été chanceux. Le détecteur a été changé dans l’heure et la neige est arrivée à plus de 14h. Nous avons re-chauffé la réserve très soigneusement (ce qui n’était pas problématique car le système de chauffage est très faible) et tout s’est bien passé.

Pourquoi j’ai toutes les données ? Est-ce que c’est arrivé récemment ?

Certains d’entre vous se sont sans doute demandés pourquoi j’avais toutes les bonnes données alors que j’ai eu cette situation il y a longtemps. Crevez-moi le Coeur, je n’avait pas à faire ça ! Je viens de lever les yeux au ciel.

En général, s’il y a des situations problématiques, vous pouvez en parler avec des experts dans votre musée ou sur le terrain pour trouver la meilleure solution possible. Vous pouvez prendre la décision vous-même après avoir contre-vérifié avec des collègues pour voir si vous n’avez rien oublié d’important. Ou vous pouvez la presenter à la direction et les laisser prendre les décisions. Peu importe l’approche que vous prenez, vous pouvez dire que vous avez fait au mieux avec vos connaissances. Ensuite, il y a des situations comme celle-ci où vous êtes livrés à vos propres conseils. Vous avez à décider sur les bases des données limités que vous avez, votre experience et votre intuition.

Dans ce cas c’est important de faire une double-vérification par la suite. Pour sûr, si quelque chose ne va pas vous savez que votre décision n’allait pas et que vous ferez mieux la prochaine fois. Mais si tout va bien vous ne serez jamais complètement sûr si tout va bien car votre décision était bonne ou juste parce que vous avez beaucoup de chance. Cela conduit, dans le pire des cas, à refaire la même chose la prochaine fois, mais avec beaucoup moins de chance.

Donc après l’incident, j’ai écris à beaucoup de collègues pour leur demander la même question qu’à vous : “Qu’auriez-vous décidé ?” C’était très intéressant de lire leurs réponses. En général, ils approuvent la manière don’t j’agis. Quelques-uns ont demandés si ce n’était pas possible de prendre le risque d’avoir uniquement un détecteur incendie d’actif, parce que depuis qu’ils sont infrarouges cela se serait sans doute déclenché en cas d’incendie, même si cétait de l’autre côté de la réserve. Il y avait certaines raison pour lesquelles je n’ai pas pris ce risque :
1. Les deux détecteurs infrarouges ont été installés exactement en même temps. Si le dysfonctionnement était un problème de production, peut-être que le second détecteur n’était pas totalement fiable.
2. En cas d’incendie je n’étais pas sûre de la manière dont l’assurance aurait pris en compte le fait que l’un des détecteurs n’était pas activé.
3. Ma principale préoccupation était celle-ci : que se passerai-t-il si un petit feu brûlait depuis un certain temps dans la zone du détecteur incendie cassé sans que l’autre détecteur s’en rende compte ? Le feu pourrait augmenter et quand l’autre entrerait en action, nous aurions perdu un temps précieux pour que les pompiers réagissent. La réserve était en pierre, donc la statique n’était pas la première preoccupation. Mais immaginez la quantité de fumée grasse et probablement toxique qu’aurait produit un bois huileux en train de brûler, des camions et des trains, l’air contaminé et comment cela aurait affecté chaque objet dans la réserve. Et, au moins parmis les collègues de musées d’art et métiers, l’image de la rotonde du Nürnberg Transport Museum reste très présente : http://en.wikipedia.org//wiki/Nuremberg_Transport_Museum#Damage_following_the_fire_of_17_October_2005

Quelques collègues ont eu des idées supplémentaires, comme la formation d’une garde volontaire contre le feu parmi l’équipe du week-end et pour voir si le temps serait vraiment si mauvais lundi, une idée que je vais définitivement garder en mémoire pour les autres cas à venir.

Alors que j’étais sur le point d’écrire la fin de cette histoire, tout ce que j’avais à faire était de fouiller dans mes archives mail de l’année où l’incident s’est produit sous le mot clé “trilemme” et j’ai alors pû relire toutes les données et quelques faits supplémentaires que j’avais depuis oubliés, ainsi que toutes les suggestions que j’avais reçues d’autres régisseurs et chargés de collection.

Conclusion

En regardant en arrière, il y avait beaucoup à retenir de cet incident :
• Quand vous preparer une réserve, prenez en compte la manière dont les systèmes de sûreté peuvent être mis en place sans avoir à faire prendre un risque aux objets.
• Gardez toutes les informations des incidents passés ; vous ne savez jamais quand vous en aurez besoin.
• La loi de Murphy est toujours en vigueur.

J’espère que vous avez apprécié cette réelle petite scène de crime de responsable de collections, et si jamais vous avez envie de partager l’une de vos histoires, nous serions heureux de la publier sur Registrar Trek.

Bien à vous,
Angela

Mis d’un anglais brut à un anglais correct par Molly S. Hope. Merci Molly, je serais perdue sans toi !

Traduction en français par Aurore Tisserand.

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Mise à jour : L’art dans les hôtels

Parfois, nous recevons des commentaires sur nos articles sur Registrar Trek depuis les regions les plus reculées de notre planète. Mais lundi dernier c’était un commentaire de la porte d’à côté :
“Devinez ce que j’ai vu ce week-end ?” Dr. Hajo Neumann l’un de nos conservateurs m’a demandé.
Ne n’en avait aucune idée.
“De l’art dans un hotel !” Il sourit et me montra cette image :

Foto00061 by Hajo Neumann

Oui, les gars, quelqu’un a fait clouer l’oeuvre directement sur le mur ! Si près que le cadre se plie. Il a été accroché si près de la fenêtre qu’il reçoit toute l’exposition aux UV qui peut lui apporter un petit extra.

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Un trilemme de régisseur – Que décidez-vous ?

fire-truck-4912_640Quand vous faites des études de muséologie ou prenez un cours de manipulation d’oeuvres et conservation preventive, vous apprenez beaucoup sur l’idéal des conditions de stockage, l’amélioration des conditions climatiques, quoi faire, quoi ne pas faire. Cependant, tous les exercices que vous résolvez en classe sont des cas clairs.
Normalement, il n’y aurait qu’une bonne réponse à la question, “Que décidez-vous ?”

Ensuite, il y a la vraie vie des musées. Et comme dans la vraie vie en general, ça ne consiste pas en des cas clairs. Vous allez toujours courir après des situations où vous n’avez pas à decider quelle est la solution à un problème, mais laquelle est la moins mauvaise. La meilleure pratique est mieux, mais parfois tout ce que vous pouvez faire est de decider entre un désastre et une catastrophe.
C’est une histoire vraie que je vais vous raconter en deux parties. Dans la première je vais vous confronter à une situation, vous fournir quelques informations supplémentaires et vous laisser avec la question, “Que décidez-vous ?”, pour que vous puissiez réfléchir à la situation jusqu’à ce que je vous dise comment l’histoire s’est résolue.

La situation

Vous êtes le responsable des collections d’un musée avec une grande collection d’objets technologiques. Il est 7h30 un vendredi matin en décembre, quand vous recevez un appel du département de la maintenance : un feu a déclenché une fausse alarme dans la nuit, et deux brigades sont venues. Le détecteur a été ré-enclenché et à cause une autre fausse alarme tôt ce matin, ça a besoin d’être résolu.
La réserve est munie de deux détecteurs d’incendie infrarouges similaires, chacun contrôlant la moitié de la salle. Pour résoudre le problème, le détecteur incendie a besoin d’être vérifié et éventuellement remplacé par un service technique exterieur, et n’est seulement accessible avec une nacelle. L’endroit où la nacelle pourrait être placée dans la salle pour atteindre le détecteur est bloquée par deux grand camion historiques.
D’autre part, lorsque une porte est ouverte, la nacelle peut être à l’extérieur de la réserve, atteindre l’intérieur et le technicien peut intervenir de là. En conséquence, la température dans la réserve passerait de 11°C à presque zero à côté de la porte, et un peu plus, plus loin dans la réserve.

Conditions climatiques de la réserve

• Les objets conservés dans la réserve sont des camions et du matériel de chemin de fer.
• La température dans la réserve est de 11°C.
• L’humidité relative est d’environ 42%.

Conditions météorologiques

La sonde climatique locale rapporte de -3°C et 55% d’humidité relative, et le temps est couvert mais sec. Il y a une alerte des services météorologiques concernant de fortes chutes de neige, qui commenceraient à environ 10h.
Les prévisions météo pour la semaine prochaine : lundi, la température passera à 5°C avec 85% d’humidité relative et des risques de pluie. Le temps reste chaud et humide pour les deux prochaines semaines.

Messages téléphoniques

FFS – Fine Fire Services, appel à 7h56
Un technicien peut être là à 9h. Travailler sur le détecteur incendie va prendre environ une ou deux heures, cela depend si le détecteur a seulement besoin d’être nettoyé ou complêtement remplacé. Les techniciens doivent être prévenus avant 10h, sinon ils ne seront pas en capacité de venir avant lundi.

Restaurateur des camions et voitures, appel à 7h59
Les camions peuvent être déplacés, mais ont besoins d’un équipement lourd et de la présence du département de la maintenance.

Chef du département de la maintenance, appel à 8h05
Les barres de remorquages et camions peuvent tirer les camions historiques ; l’équipe pour aider le restaurateur peut être là.

Restaurateur des camions et voitures, appel à 8h07
Où tirer les camions ? La seule place possible est le parvis à l’extérieur de la réserve. Combien de temps ça va prendre de les tirer jusque là ? Si on commence maintenant, ils peuvent finir pour 9h30.

MAINTENANT C’EST A VOUS

Avez-vous toutes les informations dont vous avez besoin pour prendre une décision ? Comment feriez-vous pour décider ?

a) Tirer les deux camions en dehors de la réserve pour que le technicien puisse travailler à l’intérieur ?
b) Ouvrir une porte pour que la nacelle puisse rester à l’extérieur et que le travail puisse se faire à l’intérieur de la réserve ?
c) Attendre lundi ou plus tard, laisser 50% de votre réserve sans détecteur incendie, jusqu’à ce que la température remonte et qu’il fasse plus sec ?

Maintenant mes chers lecteurs : Que décidez-vous ?
Lisez les résultats ici.

Traduction en français par Aurore Tisserand.

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Venu tout droit du lieu de stockage – Une journée dans la peau d’un chargé de collection

Comme je l’ai récemment découvert, nous les régisseurs, chargés de collections ou conservateurs, sommes une race animale étrange et difficile à observer. Comme nous l’a appris Discovery Channel, il n’y a rien de plus intéressant que d’observer des animaux rares dans leur habitat naturel. Je suis vraiment heureuse que ma collègue Anne T. Lane ait commencé une série sur le travail dans un département de collections. Ainsi, si vous suivez cette série, la prochaine fois que votre enfant demandera « Maman, Papa, qu’est-ce que fait un chargé de collections ? » vous pourrez répliquer avec une réponse bien plus intelligente que « Eh bien, un chargé de collection est en charge des collections ! »

Ici, la vie est différente. Il n’y a pas de fenêtre car la lumière est nuisible aux objets. Nous avons notre propre système de contrôle du climat, parce que la chaleur et l’humidité trop élevées sont nuisibles aux objets. Tout comme une humidité trop basse. Donc si vous nous voyez cligner des yeux comme un hibou en pleine lumière et porter des manches longues durant une vague de chaleur de 30°C, vous saurez d’où nous venons.

mask1Donc, vous voulez écouter le récit d’une journée typique dans la peau d’une personne chargée de collection ? Désolée, cela n’existe pas. Je conçois un conditionnement pour le stockage d’un masque à gaz de la Seconde Guerre Mondiale. Je le fais depuis environ deux semaines. J’arrive à travailler dessus, oh peut-être dix minutes d’affilée, entre étiqueter une collection d’épingles à cheveux, conditionner des vêtements féminins datant de l’époque Victorienne dans du papier et des boîtes non-acides, mettre à jour la base de données, faire des constats d’état pour les estampes présentées dans les salles d’exposition à l’étage supérieur, rendre visite à un potentiel donateur afin de jeter un coup d’œil à sa collection de vêtements pour enfants datant de la Première Guerre Mondiale, demander un devis pour des encadrements, mettre à jour la base de données, superviser le travail du bénévole qui saisit les données de nos anciens catalogues, nettoyer la Maison Hezekiah Alexander, laver les gants que nous avons utilisé pour manipuler les objets (lessive douce, rincez deux fois, pas d’adoucissant et ne laissez pas les chats se coucher sur le sac), mettre à jour la base de données, commander de nouvelles pochettes et des boites pour la collection de cartes postales, participer à des réunions de planifications, faire les comptes-rendus des réunions de planification, photographier une veste et un sac à mains ornés de perles, défroisser les édredons, discuter du calendrier des expositions pour les trois prochaines années avec Kris, oh, et ai-je mentionné mettre à jour la base de données ?

Ce n’est pas un travail ennuyant. Vous devez travailler avec d’autres personnes ; puis vous devez vous débrouiller seul pendant plusieurs heures. Vous devez être créatifs, construire des choses, vous occupez de trucs intéressants, faire des recherches, résoudre des problèmes, vous apprenez de nouvelles choses chaque jour, vous devez travailler avec des gens qui pensent comme vous – collègues salariés, stagiaires et bénévoles. Oh, et ai-je mentionné… oups, mauvais paragraphe. Vous devez être précis et minutieux. Vous devez être organisé mais aussi flexible. Et vous n’avez pas le droit de manger à votre bureau. Jamais.

J’écrirai ici sur certaines des anciennes et nouvelles choses qui résident sur les étagères ou sont dans les caisses dans un musée. Et au sujet de certains des processus et procédures pour s’en occuper. Peu de gens ont vraiment idée de ce qui se passe derrière les portes fermées d’un département de collections. Vous me trouverez en train d’essayer de construire un soclage pour ce pauvre masque à gaz ; ou mettre à jour la base de données.

Shanti
Anne

Traduction en français par Sarah Rosu

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Qu’est-ce qui t’a pris autant de temps ?

Une semaine dans la peau d’une chargée de collections

One of the delicate glass slides

L’une des fragiles lames de verre

J’aime mon travail, vraiment. Avoir la responsabilité du bon emplacement de chaque objet et qu’ils puissent être accessibles dès qu’on en a besoin : c’est une tâche merveilleuse, tout comme le défi de les préserver pour les générations futures.

Pourtant, il y a une chose qui m’ennuie, et qui ennuie aussi un grand nombre de collègues travaillant dans le milieu de la conservation des collections, qu’ils soient chargés de collections, régisseurs, conservateurs, restaurateurs ou gestionnaires de base de données. C’est la question « Pourquoi cela prend tant de temps ? » ou « Pourquoi cette tâche n’est-elle pas encore terminée ? ». Cela m’ennuie tellement que je me suis jurée à moi-même que si j’en avais un bon exemple, j’en ferai un article de blog. Et bien voilà, la semaine dernière était un très bon exemple.

Glass slides wrapped in acid-free tissue

Lames de verres emballées dans du papier non acide

L’une des toutes premières choses que j’ai découverte en ce début de matinée du lundi était une boite très lourde, d’environ la taille d’une boite à chaussures. Il y avait à l’intérieur des douzaines de lames de verre semblables à celles utilisées pour une « Laterna Magica » ou lanterne magique au XIXe siècle. Certaines étaient dans leur boîte d’origine, d’autres empilées les unes au-dessus des autres sans aucun calage. Certaines lames étaient déjà endommagées à cause des mauvaises conditions de stockage. Les reconditionner était inévitable. J’ai passé le reste de ma journée du lundi à faire des recherches et à leur inventer un meilleur conditionnement.

Fitting ethafoam block with cut in supports

Bloc d’ethafoam aux bonnes dimensions avec des rainures découpées

Je me suis dit que les emballer dans un papier non acide était un bon départ. Cependant, il fallait pour les stocker qu’elles aient un conditionnement dans lequel elles ne pourraient ni bouger ni être abimées. Il devait être facile de trouver la lame recherchée et de la prendre sans avoir à toucher les autres lames. J’ai pris un bloc d’ethafoam, je l’ai découpé aux dimensions d’une boite d’archive puis j’ai coupé l’intérieur afin de créer des rainures pour les lames. Ainsi les lames peuvent être transportées sans risque, ne peuvent pas glisser dans la boite et chacun peut trouver rapidement la lame qu’il veut.

Every support has written what slide you'll find inside

Il est écrit quelle lame se trouve dans chaque rainure

J’ai confié à ma stagiaire la tache de fabriquer les boites pour les lames restantes le mardi. D’une part parce que j’avais d’autres choses à faire (voir « Venu tout droit du lieu de stockage – Une journée dans la peau d’un chargé de collection« ), et d’autre part parce que je ne suis pas très bonne dans la fabrication des boites tandis qu’elle en fait de géniales pour les objets (voir ”Des solutions de stockage : le rangement du scanner à code-barres“). Je me suis concentrée sur la recherche d’un emplacement pour les lames. Elles devraient être stockées au même endroit que notre collection de photographies et nos appareils photos. Mais comme dans beaucoup d’autres musées, nous manquons d’espace. Avec leur nouveau conditionnement, les lames prendraient une place équivalente à six boites d’archives, place que je n’avais pas sur mes étagères. Finalement je me suis rendue compte que si je reconditionnais la collection de caméras de petites dimensions dans des boites d’archives, je pourrais les empiler et gagner ainsi trois tablettes.

Shelves with repacked narrow film cameras and the six boxes with glass slides (marked red). You can also catch a glimpse of the now empty shelf boards.

Les étagères avec les cameras de petites dimensions reconditionnées et les six boites de lames de verre (encadrées en rouge). Vous pouvez aussi apercevoir les étagères qui sont encore vides.

Bon, ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air. Nous sommes en train de changer notre suivi de localisation pour passer d’un système totalement manuel à un système de code-barres. Afin de faire avancer ce projet, il a été décrété que chaque objet passant dans nos mains devait obtenir une nouvelle étiquette avec un code-barres. Il s’agit d’une bonne politique notamment car beaucoup de nos anciennes étiquettes contiennent du polychlorure de vinyle dont on veut se débarrasser.

Je me suis retrouvée avec 118 caméras de petites dimensions à reconditionner, j’ai donc imprimé 118 nouvelles étiquettes que j’ai découpées, pliées et assignées à leurs caméras respectives. Bien sûr, chaque nouvelle boite d’archives devait être étiquetée afin que nous puissions savoir ce qu’elle contenait. D’autres étiquettes devaient donc être imprimées, découpées et attachées de la même manière. Occuper une nouvelle étagère veut dire créer une nouvelle localisation dans la base de données – et bien sur les boites d’archives ont eu de nouveaux identifiants spécifiques qui devaient aussi être rentrés dans la base de données.

Ainsi, vous pouvez facilement imaginer ce qui m’a occupée du mardi au vendredi. Bien sûr j’ai aussi fait d’autres choses (lire ”Off the Shelf – A Day in the Life of a Collections Manager“ d’Anne T. Lane pour plus d’informations) et après avoir rangé les six boites de lames de verre, j’avais encore deux étagères et demie de libre pour accueillir les prochains équipements photographiques. Mais si vous ne regardez pas la situation dans son ensemble, vous pourriez résumer mon travail de la semaine à : relocaliser une boites de lames de verre.

Angela Kipp

Traduction en français par Sarah Rosu

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Raconte-moi une histoire : Métro, boulot… bibelot?

ny_FR
Les artefacts des transports peuvent étinceler comme une icône (un jeton, un globe illuminé qui annonce l’entrée du métro), ou provoquer notre sens du mystère ou de la fantaisie (un «Bend-o ?» un scléroscope ?). Rejoignez nos archivistes et notre personnel des collections pour une soirée où les objets prennent vie avec l’écriture, la narration et l’interprétation imaginative.

Une sélection d’artefacts et images est maintenant disponible sur ligne (http://nytransitmuseum.tumblr.com/post/100675462191/transittotem) et venez nous rejoindre mercredi le 12 novembre à 18h30 pour les voir (et bien d’autres !) dans une exposition éphémère destiné à inspirer votre écriture!

Vous pouvez créer un cartel, un poème, une nouvelle, essayer l’art de lexicographie, ou même nous montrer vos compétences en nous montrant la vraie provenance d’un objet.

Une soirée remplie d’un mélange des faits et de la fiction : nous recherchons l’authentique et l’imaginaire!

Remettez vos soumissions en avance ou venez nous rejoindre le 12 novembre pour une séance d’écriture et scène ouverte.

TELL A TALE OF A TRANSIT TOTEM
Mecredi, le 12 novembre | 18h30 | Gratuit New York Transit Museum
Downtown Brooklyn

Regarder notre première sélection d’artefacts et RSVP ici :
nytransitmuseum.tumblr.com/transitTotem

Traduit de l’anglais par Kelsey Brow

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Les oiseaux dans les collections

One single bird can keep a registrar occupied for quite a while.(c) Hans Bleh http://www.highspeedfotografie.de/

Un seul oiseau peut garder un régisseur occupé pendant un bon bout de temps.
(c) Hans Bleh http://www.highspeedfotografie.de/

Nous avons parlé des #registrardreams (rêves de régisseurs) il y a peu et j’en ai un spécial : je souhaite qu’au moins une fois, quand mon directeur vient, il me trouve dans une blouse de travail propre avec un bureau rangé et lui rapportant qu’il n’y pas de problème sérieux. Mais cela n’est pas arrivé durant les dix dernières années. A chaque fois qu’il me voit, je suis pour une raison ou une autre sale de poussière ou d’huile de machine et quelques collègues jurent qu’une fois je lui ai dit de se dépêcher car j’avais beaucoup de travail à faire. Quoi qu’il en soit, je suis vraiment contente qu’il ne soit pas venu l’autre jour lorsque je courrai de long en large dans la réserve, en brandissant un balais et criant, le tout afin de chasser un oiseau de la salle. Non seulement je me suis comporté comme une idiote, mais je ressemblais aussi à une œuvre d’art contemporaine faite de toiles d’araignées, parce que l’oiseau volait dans les coins les plus éloignés, qui n’avaient pas vu de balais depuis des lustres. Debout à regarder l’oiseau qui ignorait constamment la porte grande ouverte, je me suis demandée si j’étais la seule chargée de collection sur Terre moquée par un oiseau, et si je pouvais faire mieux.

De toute évidence, si vous vous posez vous-même la question, les réponses sont limitées, donc j’ai demandé à mes collègues de la liste de diffusion RCAAM. J’ai reçu un tas de choses qui m’ont éclairé et quelques histoires fabuleuses au sujet des oiseaux dans les collections. Donc, maintenant je suis apte à fournir un guide étape par étape sur la manière de manipuler les oiseaux dans les collections (s’ils ne sont pas morts ou naturalisés) :

  1. Fermer toutes les portes dans la salle où l’oiseau est.
  2. Ouvrir toutes les portes et fenêtres qui mènent vers l’extérieur.
  3. Eteindre toutes les lumières, pour que les seules lumières viennent de l’extérieur et attirent l’oiseau.
  4. Taper dans les mains, balancer des balais, crier, se comporter comme un idiot, faire tout pour chasser l’oiseau vers les ouvertures. Plus les portes/fenêtres sont ouvertes, plus l’oiseau peut partir.
  5. Lorsque l’oiseau est sorti, fermer toutes les portes et les fenêtres.
  6. Rechercher les trous qui ont permis à l’oiseau d’entrer et bouchez-les (comme Elizabeth Alberding a dit : « Si vous pouvez sceller votre bâtiment vous allez bientôt être connu comme le “chuchoteur d’oiseaux” de votre musée »).

Kara Vetter a souligné qu’il existe des dispositifs de dissuasion qui peuvent être installés à proximité des portes si c’est par là qu’ils entrent.

Anne T. Lane a fourni une vraie histoire de MacGyver :

It's a good idea to inform the colleagues with a sign.

Si vous fermer la porte d’une salle parce qu’il y a un oiseau à l’intérieur, c’est toujours une bonne idée d’en informer ses collègues.

« Nous avons déjà eu ce problème dans un bâtiment très ouvert dans lequel je travaillais, où il n’y avait aucun moyen de fermer entre les étages. Ils ne pouvaient pas aller dans la réserve, mais ils se sont affaiblis puis sont morts sur les rebords des fenêtres sur la mezzanine. Nous en avons pris un une fois, en faisant une sorte d’épuisette sur un cerceau fait de fils, un manche à balais et une bâche en plastique léger. Oh, et du scotch bleu. Mon régisseur monta sur une grande échelle sous une des rotondes et a oscillé vers l’oiseau – J’étais terrifié qu’il bouge lui-même droit vers le sol en carrelage. Mais il a attrapé la pauvre chose. Je l’ai emporté dehors et relâché, puis il s’envola ».

Aucun oiseau, mais une chauve-souris qui s’est moquée de Janice Klein quand elle était directrice d’un petit musée :

« Le musée avait un plan grand ouvert (autre que les salles de repos), mon bureau était le seul espace avec une porte, donc quand une chauve-souris au petit museau marron est apparu en fin d’après-midi lorsque tout le monde était rentré chez soi, c’est à ce moment que je devais la chasser. Lorsque je l’ai eu dans la salle elle a commencé à paniquer et a utiliser l’écho-localisation (et franchement, j’ai également fait ces petits sons étranges, alors que je ne savais rien sur les chauves-souris). J’ai réussi à la piéger dans une zone du haut, mais je ne savais pas quoi faire. Il faisait un froid glacial à l’extérieur, ce qui est sans doute la raison pour laquelle elle a trouvé un chemin pour entrer dans ce bâtiment chaud, donc je ne voulais pas simplement lui montrer la porte. J’ai appelé une connaissance (c’est toujours payant d’avoir un naturaliste à disposition qui est enclin à donner un refuge aux créatures sauvages dans son sous-sol) et alors que nous attendions, j’ai finalement compris pourquoi un de mes détecteurs de mouvement avait sonné la nuit précédente ».

Et Suzanne Quigley fournit des conseils pratiques sur ce qu’il faut faire si les piverts deviennent un problème :

Of course, there are birds in collections that are not an issue.

Bien sûr, il y a des oiseaux dans les collections qui ne sont pas un problème .


« Je suis aussi dans une zone rurale (un récent changement de vie). Après avoir quitté ma vie dans les grandes villes, j’ai eu beaucoup à apprendre. Mais dans le présent débat, j’ai un peu appris sur les piverts. Cela est devenu important comme je vis dans une maison en bois. Une fois que nous avons compris d’où était cet horrible bruit, et j’ai vu ce que ces petits démons faisaient sur le côté de la maison – c’était la guerre. La bataille a été gagnée d’une étrange, mais amusante manière. Personne ne remarque (parce qu’on ne recherche pas ça), mais à l’extérieur il y a des tâches plus ou moins discrètes que nous avons épinglées (avec des punaises claires) presque 3 mètres de brillantes bandes de Mylar argenté (le type qu’on utilise pour emballer des cadeaux) en forme de boucles faites avec le bord d’une paire de ciseaux – c’était il y a trois ans et plus de piverts depuis ! »

Bien, j’ai appris beaucoup plus que je ne l’espérai. Merci à Kara Vetter, Anne Lane, Elizabeth Alberding, Julie Blood et Suzanne Quigley pour les réponses et Maria O’Malley de m’avoir convaincu d’écrire un message sur Registrar Trek à ce propos.

Oh, en passant, j’ai finalement réussi à chasser ce petit garnement de ma réserve, sécurisant mon collègue et lui souhaitant une bonne nuit par téléphone. La poursuite d’un oiseau est une chose, mais être appelé au milieu de la nuit à cause d’un système d’alarme qui s’est déclenché est bien pire.

Traduction en français par Aurore Tisserand.

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L’histoire du mystérieux écouteur

Beaujour, mes amis,

Aujourd’hui, je suis fière d’annoncer l’ouverture de la version française de Registrar Trek ! Dès à présent nos lecteurs français vont avoir la possibilité de lire directement les messages, non plus des PDF et de s’inscrire à un flux RSS en français. Merci à Aurore Tisserand d’avoir traduit tous les titres et pages de fonds pour rendre cela possible. Nous célébrons cet accomplissement avec un message au sujet de la coopération Franco-Allemande dans la recherche de collections, qui a été possible grâce au fantastique réseau Registrar Trek, plus spécifiquement grâce à Marine Martineau.

À bientôt
Angela

Earphone

Ecouteur de téléphone

« Tu as étudié le français pendant tes études, n’est-ce pas ? » mon collègue Bernard Kiessling me demanda, de l’autre côté de la table à étudier un ensemble d’écouteurs de téléphones.
« Je peux commander une tarte flambée ou un café au lait mais peut aussi créer un incident diplomatique en essayant de réserver une chambre d’hôtel, pourquoi me demandes-tu cela ? » lui répondis-je, en analysant une longue liste d’objets qui devaient être pointés sur notre base de données.
« Cet écouteur de téléphone a été fabriqué à Paris, mais je ne suis pas sûr pour ce qui concerne le lieu de production. Regarde »
Je me suis déplacée pour aller regarder sur l’écran de son pc où il me montra une petiteinscription qu’il put agrandir grâce à un microscope USB*.
Detail of one receiver of the earphone, picture taken by the USB microscope

Détail d’un des récepteurs du téléphone, image prise avec le microscope USB

« Slé INDlle des… » j’ai essayé de lire, « Je ne sais pas, on dirait une abréviation ou quelque chose comme cela, peut-être l’usine qui l’a fabriquée, mais je ne sais pas. Tu sais quoi ?! Je vais envoyer l’image à Marine. Elle habite à Paris, elle pourra peut-être nous aider. »
Marine Martineau, régisseur des œuvres et traductrice Anglais/Français pour Registrar Trek reçut notre mail quelques minutes plus tard. Elle jeta un coup d’œil aux photographies de l’objet et les transféra à Thierry Lalande, conservateur chargé des collections au Centre National des Arts et Métiers. Sa collègue Marie-Sophie Corcy et lui eurent l’idée de contacter Frédérique Nibart, un expert connu et reconnu pour ses travaux sur l’histoire du téléphone en France.
En l’espace de quelques jours nous avons appris que cet écouteur avait été fabriqué en juillet 1928 par la Société Industrielle des Téléphones à Paris. Nous avons même reçu un article de M. Nibart sur l’histoire de cette société, que nous avons immédiatement enregistré sur notre base de données.
Ce fut un agréable sentiment de constater que cette collaboration fut possible grâce à notre réseau international de Registrar Trekkers. Nous espérons pouvoir rendre l’appareil un jour.

Angela

Storage solution for the collection of earphones: These long archival boxes are usually used for storing maps but have exactly the right dimensions to support earphones in the position most “natural” to them. For final storage we will support them with some bubble wrap and make a hood out of polyethylene foil for the boxes.

Conditionnement de la collection d’écouteurs : ces longues boîtes de conservation sont habituellement utilisées pour la conservation des cartes mais ont exactement les bonnes dimensions pour conserver les écouteurs de la façon la plus « naturelle » qui soit pour eux. Pour finaliser ce conditionnement nous plaçons du papier bulle au niveau des zones de tension et une protection des boîtes grâce à une feuille de polyéthylène.

*= Le microscope USB était à la base utilisé pour une démonstration au sein d’une exposition temporaire et a maintenant une seconde vie (très pratique) dans le cadre de la recherche sur les objets.

Traduction en français par Marine Martineau

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Un régisseur doit faire preuve de souplesse.

Toute activité professionnelle implique de se tenir au courant des choses qui nous entourent. Vous devez vous faire votre propre opinion, ne pas vous en tenir à une idée ou à un schéma de pensées, en particulier lorsque des situations nécessitent une certaine réflexion et doivent être envisagées avec une certaine tolérance. Un régisseur des collections au sein d’un musée doit en particulier faire preuve de souplesse dans sa façon de penser.

Dans mon cas, je l’ai appris au cours de mon activité professionnelle lors de la définition des catégories différenciant les œuvres d’art de la collection dont j’étais le régisseur. Il n’y avait pas de classifications préétablies, puisque le caractère de chaque œuvre permettait de la retrouver dans la collection qui allait être enregistrée et répertoriée. Chaque œuvre pouvait définir une catégorie.

J’ai débuté ma carrière comme assistant régisseur en 1986, ma supérieure hiérarchique était le Régisseur en chef et avait fait ses études aux Etats-Unis. C’était une personne organisée et un peu caractérielle. Elle n’avait pas l’esprit très ouvert.

Elle établissait prudemment les catégories ou sous-catégories selon les matériaux ou les techniques constituant les collections permanentes d’art moderne et contemporain. Telles étaient les classifications : peintures, sculptures, arts graphiques, photographies et céramiques.

En 1988 elle quitta son poste et je fus nommé Régisseur en chef. Laissez-moi-vous parler d’au moins deux de ces moments où l’ouverture d’esprit fut confrontée à la notion de « critères ». L’une des premières choses que j’ai faite a été de refondre toutes ces classifications. La collection comportait cinq tapisseries de Alexandre Calder (cf photos), qui étaient rattachées au fonds des peintures.

Pict 1 : La tapisserie de Calder, rectoPict 2 : La tapisserie de Calder, verso

Premier cas de tolérance : une tapisserie n’est pas une peinture

J’ai alors crée un nouveau champ nommé « tapisseries », dans laquelle j’ai relocalisé les œuvres de Calder. Tout de même, une tapisserie est une tapisserie, une œuvre ou un objet fait de tissus, une large étoffe de laine ou de soie destinée à orner les murs, tissée à la main, reproduisant souvent une image ou un dessin. Ce n’est pas une peinture. C’est quand même plus facile et plus logique de créer une nouvelle catégorie que de classer une tapisserie dans les peintures…

Et si j’avais crée une nouvelle catégorie pour les « Textiles » mais l’avais appelé ainsi, cela aurait été un terme trop générique, puisque cela aurait inclus les vêtements, nappes, rideaux, mouchoirs, etc.

Second cas d’ouverture d’esprit : « l’image », le « personnage », ne sont pas des catégories, ce sont des ensembles figuratifs faits de personnages ou de symboles.

J’ai ainsi crée une catégorie nommée « Impressions » (Estampas, en espagnol) avec des sous divisions. Le terme « Images » est trop général et ne se réfère ni à une technique ni à un matériau de création. « Impressions » englobe à la fois les techniques d’impression et les techniques de gravure à l’eau-forte, d’aquatinte, de lithographie, de sérigraphie etc. Telles sont les sous-divisions que j’ai mises en place. Ces techniques ont en commun le fait de préparer une feuille, une plaque métallique ou un tamis sur lesquels un dessin est réalisé, incrusté ou hachuré, mis en contact ensuite avec un support papier où seront imprimés, tamponnés ou gravés – ce personnage ou cette image tirés de telle ou telle œuvres. En outre, ces créations ont un but esthétique.

Imaginer le cas d’une collection d’art contemporain…des œuvres contemporaines telles que l’art vidéo, l’art conceptuel, éphémère, ou les « œuvres in situ »…Les techniques et les matériaux de ces œuvres échappent souvent aux classifications ordinaires.

Je pourrai énoncer d’autres situations où je fus confronté à ce besoin de souplesse, y compris dans d’autres domaines de la régie des collections. L’ouverture d’esprit, le bon sens et un certain savoir forment un tout. Je pourrai remettre en question certaines classifications concernant la collection permanente du MOMA, mais je préfère éviter de me fâcher avec mes collègues de là-bas…

Fernando

Traduction en français par Marine Martineau

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FAUX Real – Comment suis-je arrivé ici ?

Comment je suis devenu régisseur V

Matthew C. Leininger

matt condition reportEh bien les Trekkers, c’est chouette de vous écrire de nouveau, après avoir assisté à la première de Art and Craft au Tribeca Festival Film ! C’est un bon documentaire et il va faire du bruit avec toute
cette affaire sur Landis. Comme je l’ai dit dans le film « Il s’est planté avec le mauvais régisseur ! » Art and Craft arrivera sur grand écran aux Etats-Unis entre le début de l’été et la fin de l’automne, puis en DVD et peut-être passera à la télévision. C’est quelque chose de vraiment bien et je suis le régisseur grâce à qui tout cela est arrivé.

Mais pourquoi moi et comment suis-je arrivé ici ?

Après avoir été encouragé dès mon plus jeune âge par mon professeur d’histoire de l’art du lycée, Barb Sailor, j’ai travaillé assidument toute ma vie les arts plastiques et je suis allé à l’université pour étudier l’histoire de l’art. Mon intérêt était porté sur la gravure et la lithographie fut mon dada. J’ai débuté ma carrière en étant un stagiaire sans expériences au Kennedy Museum of Art à l’Université de l’Ohio où je travaillais dans le but d’obtenir mon Master d’Histoire de l’Art. Finalement je fus embauché au Kennedy comme conservateur, régisseur et installateur. Vous pouvez le dire, j’ai sauté la tête la première dans ce qui s’est avéré être une carrière de plus de quinze ans dans le monde des musées de beaux-arts. J’ai rencontré ma future femme Jenny en 1996, avec qui je me suis marié en 1997. 17 ans de bonheur ce mois-ci !

Je fus diplômé en 1998 et suis parti avec ma nouvelle femme pour devenir régisseur au Musée of Art d’Oklahoma City. Là-bas mon premier défi fut le transfert de l’intégralité de la collection conservée en bazar dans un vieux bâtiment vers de nouvelles réserves qui sont maintenant en plein centre-ville. Carolyn Hill était la directrice de l’établissement à cette époque-là, malheureusement elle n’est plus parmi nous. Carolyn avait l’habitude de me dire que j’étais le noyau de l’activité au musée ; elle le disait même aux mécènes et aux trustees. Sacré rôle à assumer ! Finalement je suis devenu responsable du département de la Conservation supervisant la régie des oeuvres, les conservateurs, la médiation et les activités pédagogiques. J’étais le magicien qui devait établir les budgets et les respecter et finalement je fus en charge de plus de 150 expositions au cours de ma carrière.

mattcleanAprès huit ans à Oklahoma City, nous avons décidé de retourner dans l’Ohio où ce fut la fin de ma carrière en tant que régisseur, mais je ne le savais pas encore à l’époque. Le Cincinnati Art Museum m’embaucha comme Chef de la Régie des collections où j’étais le responsable d’une équipe de trois régisseurs qui me manquent…trois personnes géniales avec beaucoup d’expériences. Mon poste, croyez-le ou non, fut supprimé. Les raisons pour lesquelles j’ai été viré étaient toutes sans fondement et j’ai fini par brûler ma copie de la lettre. Je crois que cela fut pour des raisons de budget vu que je touchais un gros salaire pour un régisseur avec de multiples bénéfices à la clé. Je pense que ce qui y a aussi contribué cependant fut ma volonté de trouver et pister Mark Landis. Quelques semaines avant mon départ, on m’a défendu de parler de Mark Landis pendant mes heures de travail. Donc je n’en ai pas parlé. Pas d’appels ni de mails. Mais tout le monde savait où je travaillais et si quelqu’un souhaitait avoir des informations sur Landis, on m’appelait ou on m’envoyait des emails. Je me suis plié aux souhaits du CAM et je ne parlais ou ne travaillais sur Landis qu’à la maison. Je n’ai jamais fait de recherches personnelles sur Landis pendant mes heures de travail au CAM donc je ne comprends pas pourquoi cela les inquiétait. CAM est dans le documentaire Art and Craft et Cincinatti, OH sera donc visible sur grand écran. C’est ma victoire, et Cincinnati y a aussi beaucoup à gagner même si la ville n’est pas au courant que cela va sortir au cinéma !

Après avoir cherché un poste dans un musée pendant 14 mois, et dans tous les domaines pouvant m’apporter un salaire, je fus embauché par une société de transports. Cela a duré 4 mois et je sus que quelque chose clochait quand mon directeur dut emprunter de l’argent sur son assurance vie pour me payer. Donc je fus de nouveau au chômage, de retour dans une vie d’homme au foyer avec mon adorable enfant de 6 ans ! Et l’histoire a continué jusqu’à aujourd’hui. Je suis aujourd’hui un Fulfillment Associate de Amazon.Com. Grosso modo ce que je fais pour eux dans cet immense entrepôt, c’est que si vous achetez quelque chose en ligne, je vais le trouver pour pouvoir vous l’envoyer ! C’est un monde du travail complétement nouveau mais qui est stimulant et me démontre que les compétences acquises
pendant ma carrière de régisseur peuvent être utilisées dans d’autres domaines.

Quand j’ai quitté l’Ohio en 1998 je n’avais aucune idée de ce que je ferais 17 ans plus tard. Donc souvenez-vous de mon parcours comme un exemple, vous ne saurez jamais à l’avance quel tournant peut prendre votre vie ou votre carrière. Donc soyez heureux d’être là où vous êtes et profitez de chaque jour avant que tout ne change. Parfois les changements sont petits, ou plus grands, l’important est d’y être préparé. Tout peut arriver. J’avais peur et j’étais inquiet il y a trois ans après avoir perdu mon travail, qui avait été le premier de toute ma vie. Mais voici ce que je suis aujourd’hui, un homme travaillant dur avec une épouse et une fille géniales et je suis ravi de pouvoir vous raconter comment j’en suis arrivé là !

A bientôt,
Matt

Traduction en français par Marine Martineau

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