Comme je l’ai récemment découvert, nous les régisseurs, chargés de collections ou conservateurs, sommes une race animale étrange et difficile à observer. Comme nous l’a appris Discovery Channel, il n’y a rien de plus intéressant que d’observer des animaux rares dans leur habitat naturel. Je suis vraiment heureuse que ma collègue Anne T. Lane ait commencé une série sur le travail dans un département de collections. Ainsi, si vous suivez cette série, la prochaine fois que votre enfant demandera « Maman, Papa, qu’est-ce que fait un chargé de collections ? » vous pourrez répliquer avec une réponse bien plus intelligente que « Eh bien, un chargé de collection est en charge des collections ! »
Ici, la vie est différente. Il n’y a pas de fenêtre car la lumière est nuisible aux objets. Nous avons notre propre système de contrôle du climat, parce que la chaleur et l’humidité trop élevées sont nuisibles aux objets. Tout comme une humidité trop basse. Donc si vous nous voyez cligner des yeux comme un hibou en pleine lumière et porter des manches longues durant une vague de chaleur de 30°C, vous saurez d’où nous venons.
Donc, vous voulez écouter le récit d’une journée typique dans la peau d’une personne chargée de collection ? Désolée, cela n’existe pas. Je conçois un conditionnement pour le stockage d’un masque à gaz de la Seconde Guerre Mondiale. Je le fais depuis environ deux semaines. J’arrive à travailler dessus, oh peut-être dix minutes d’affilée, entre étiqueter une collection d’épingles à cheveux, conditionner des vêtements féminins datant de l’époque Victorienne dans du papier et des boîtes non-acides, mettre à jour la base de données, faire des constats d’état pour les estampes présentées dans les salles d’exposition à l’étage supérieur, rendre visite à un potentiel donateur afin de jeter un coup d’œil à sa collection de vêtements pour enfants datant de la Première Guerre Mondiale, demander un devis pour des encadrements, mettre à jour la base de données, superviser le travail du bénévole qui saisit les données de nos anciens catalogues, nettoyer la Maison Hezekiah Alexander, laver les gants que nous avons utilisé pour manipuler les objets (lessive douce, rincez deux fois, pas d’adoucissant et ne laissez pas les chats se coucher sur le sac), mettre à jour la base de données, commander de nouvelles pochettes et des boites pour la collection de cartes postales, participer à des réunions de planifications, faire les comptes-rendus des réunions de planification, photographier une veste et un sac à mains ornés de perles, défroisser les édredons, discuter du calendrier des expositions pour les trois prochaines années avec Kris, oh, et ai-je mentionné mettre à jour la base de données ?
Ce n’est pas un travail ennuyant. Vous devez travailler avec d’autres personnes ; puis vous devez vous débrouiller seul pendant plusieurs heures. Vous devez être créatifs, construire des choses, vous occupez de trucs intéressants, faire des recherches, résoudre des problèmes, vous apprenez de nouvelles choses chaque jour, vous devez travailler avec des gens qui pensent comme vous – collègues salariés, stagiaires et bénévoles. Oh, et ai-je mentionné… oups, mauvais paragraphe. Vous devez être précis et minutieux. Vous devez être organisé mais aussi flexible. Et vous n’avez pas le droit de manger à votre bureau. Jamais.
J’écrirai ici sur certaines des anciennes et nouvelles choses qui résident sur les étagères ou sont dans les caisses dans un musée. Et au sujet de certains des processus et procédures pour s’en occuper. Peu de gens ont vraiment idée de ce qui se passe derrière les portes fermées d’un département de collections. Vous me trouverez en train d’essayer de construire un soclage pour ce pauvre masque à gaz ; ou mettre à jour la base de données.
Shanti
Anne
Traduction en français par Sarah Rosu